Société "Les Inséparables" - Tamines
Un petit peu d'histoire...
La légende du gille : Les origines
Tâche à la fois ingrate et aisée que de présenter les origines de notre carnaval. Ingrate car fastidieuse à effectuer de manière objective. Mais facile car il est joyeux de parler de l’histoire d’un folklore cher à son cœur.
Surtout lorsque celle-ci est tapissée de légendes toutes aussi belle les unes que les autres et apportant une touche de romantisme au sérieux de thèses plus réalistes.
Avant d’entamer le dossier, nous voudrions signaler que de nombreuses positions existent en ce domaine et que l’objectif de cette présentation n’est pas de les présenter toutes mais bien d’en faire connaître les plus admises.
L’histoire qui remporte le plus de succès et qui a sans doute le plus marqué le cœur de chaque Binchois est celle qui fait remonter la naissance des fêtes carnavalesques au seizième siècle, période à laquelle correspondent les fastueuses cérémonies données par Marie de Hongrie en l’honneur de son illustre frère Charles Quint et de son fils Philippe II D’Espagne.
Imaginez-vous le 22 août 1549, par une belle journée estivale, l’empereur de l’empire romain Germanique accompagné de toute sa cour espagnole entre par la grande porte au sein de la place fortifiée, ceinte de ses remparts : Marie de Hongrie la dame de Binche veux éblouir l’héritier, Philippe II, elle y parviendra sans doute, les fêtes dureront une semaine, sept jours de fastes, d’apparats éblouissants qui amèneront plus tard un proverbe toujours vivant au-delà des Pyrénées : « Mas bravas que las fiestas de bains ». Vous pouvez le traduire par « pas de fêtes plus magnifiques que celle de Binche ».
Bal, simulations d’actes militaires, banquets d’abondance et feux d’artifices furent de la partie.
A cette époque des explorateurs, les conquistadores avec François Pizarre à leurs têtes étaient revenus des terres lointaines d’Amérique et avaient décrit ses habitants, les Incas.
La légende veut que des courtisans se soit travestis de la sorte pour rappeler les victoires espagnoles en ces contrées.
Les costumes bariolés furent quelque peu améliorés pour attirer d’autant plus le regard. Les Binchois auraient été séduits par ces personnages et auraient pris l’habitude, chaque année, de se travestir en Sauvages Américains.
Mais cette légende n’est pas unique et de nombreuses variantes existent, ainsi les sauvages présentés aux fêtes auraient pu être de véritables Incas amenés directement de leur pays.
Quoiqu’ il en soit, elle fut fortement reprise par les journalistes de la fin du siècle dernier. Ils amplifièrent la portée de cette belle histoire jusqu’à en faire l’origine. Les partisans de cette thèse pensent que le mot « gille » actuel est sous une orthographe déformée, une survivance du prénom « gil » très répandu en Espagne. Le rôle très important joué par les oranges dans le rituel du Gille est également invoqué par les partisans de l’origine Espagnole de celui-ci.
La légende voulait que le carnaval remonte à 1549, or on parle déjà d’un carnaval à Binche en 1395. On le nommait quaresmiaux ou caresmiaux et l’on évoquait déjà le « cras dimence ».
A cette époque également, on retrouve à travers la Wallonie et d’autres régions d’Europe, des grands feux. Ce feu peut se retrouver lors du rondeau final, le soir du mardi-gras, par les feux d’artifices et de bengales hallucinants par leur crépitement et leurs lumières multicolores. Mais son origine doit remonter à bien plus loin encore. Le carnaval de Binche se rattache sans aucun doute, de par son origine, aux anciens véritables carnavals (nous entendons par là ceux qui n’ont pas été fabriqués de toutes pièces à des fins uniquement festives) de Wallonie et aux fêtes païennes.
A propos de ce paganisme qui est incontestable par les Démonstrations burlesques de la fête, il est à remarquer qu’une facette du folklore Binchois a tout du religieux de par sa rigueur et son sérieux.
D’ailleurs, les tentatives d’éclairement sur l’origine des traditions peuvent trouver des indices de réponse dans les rites ancestraux, magiques et religieux.
Ces cérémonies avaient pour but essentiel de chasser le mauvais esprit, de combattre les forces du mal en faisant appel à des forces magiques au travers de la danse et au moyen de l’offrande afin d’assurer la fertilité des champs, la fécondité des femmes...
C’est en quelque sorte la fête du renouveau printanier.
Le carnaval se célèbre juste avant le carême, la mobilité de la fête chrétienne entraîne celle de la fête profane. La date du dimanche-gras se calcule à partir de pâques, en remontant de 49 jours. Les jours gras se situent donc à des dates variables, à l’intérieur d’une période qui fluctue du début février jusqu’en mars. En prévision et par compensation de la période de mortification qui s’annonçait, nos ancêtres veillaient à prendre du bon temps. On dansait, on s’ébattait dans les tavernes ou sur les places publiques.
Réalisé par Di Nuccio Joseph sur base d’informations reprises sur le site internet de Binche.