Société "Les Inséparables" - Tamines
Le Gille - Description rapide
Pour ceux qui n'aurait pas l'envie ou le temps de lire l'article ci-dessous "Le Gille - Description détaillée", voici une description rapide qui vous permettra de connaitre le nom des différentes "pièces" du costume du Gille. Vous apprendrez grâce à ce petit lexique imagé qu'on ne dit pas "un bonnet" mais bien "une barette"...
Le Gille - Description détaillée
Commençons par la blouse et le pantalon
Ces deux éléments du costume sont constitués de toile de jute sur laquelle on a cousu différents motifs ainsi que des bandes de feutrine noire, rouge et jaune.
Ces motifs représentent les lions couronnés de la Belgique, ceux sans couronne des armoiries du Hainaut, des étoiles, ... Au total, plus ou moins deux cents motifs dont certains demandent quatre applications successives. Les extrémités de la blouse et du pantalon sont constituées de plusieurs mètres de ruban qui ont été froncés à la manière de la collerette, sorte de pèlerine reposant sur les épaules du Gille. De 150 à 200 mètres de ruban plissé sont nécessaires pour leur confection. Ce ruban est plissé par une des rares machines qui puissent aider le louageur dans sa tâche difficile. Si le chapeau est de couleur, la collerette peut être légèrement teintée sur le bord du ruban.
Il est à noter que la blouse du Gille a subit de nombreuses modifications durant les années d'existence du Carnaval, principalement au 19è siècle. C'est à cette époque qu'eut lieu l'apport de différents éléments au costume par des Gilles bourgeois qui aimaient un "beau costume". Par exemple, aujourd'hui, la face avant de cette blouse est constituée de feutrine disposée verticalement. Il n'en a pas toujours été de la sorte: certaines photos nous montrent qu'en 1887, la feutrine était disposée en triangles, en 1890 les bandes étaient obliques, en 1899 les bandes étaient beaucoup plus larges, ...
Le dos du costume varie également et cela encore de nos jours. Si vous vous promenez le Mardi-Gras à Binche, vous pourrez constater que les dos des costumes de Gille sont différents. Ceci est en fait pour permettre aux louageurs de reconnaître leurs costumes.
L'apertintaille et le grelot
L'apertintaille se range parmi les éléments les plus anciens du costume du Gille.
Autre élément archaïque du costume du Gille, le "grelot de poitrine", emprunté au harnachement des chevaux comme, d'ailleurs, l'apertintaille. Il est placé sur la bosse de devant, contre le plastron.
L'apertintaille, quant à lui, est composé d'une bande de toile de lin renfermant une bourre. A l'extérieur, la toile; large de 10 à 15 cm, est garnie de brins de laine rouge et jaune. A cette "ceinture"' sont attachées de 6 à 9 sonnettes ou clochettes en bronze à fort alliage de cuivre. Les premiers apertintailles connus, au dix-neuvième siècle, comportaient des grelots ou, alternativement, une clochette et un grelot. Les clochettes sont de taille et de poids variables, les plus grosses se trouvant au centre de l'apertintaille et les plus petites aux extrémités. Elles produisent des sons plus ou moins graves. L'apertintaille d'avant 1940 comportait une part importante de cuir et de peau; sa confection était du ressort du bourrelier spécialisé dans la fabrication et la vente d'objets en cuir.
Le poids de l'apertintaille varie entre 2 et 3 kg.
L'apertintaille est porté durant les soumonces en batterie ainsi que le mardi gras où le "tintinnabullement" à peine perceptible des sonnailles égaye et rend envoûtante la danse du Gille.
Les chaussons
Ils sont faits de laine blanche (quoique parfois en coton) et sans couture pour ne pas blesser le pied. Certains Gilles se frictionnent la plante des pieds de talc ou de crass' candelle (chandelle grasse) avant d'enfiler les chaussons afin de mieux supporter les sabots.
Les sabots
Le sabot est creusé soit dans du peuplier, choisi pour sa solidité et sa malléabilité soit dans le saule, pour sa légèreté et sa résistance. Sur la partie avant du sabot se colle ou se cloue le "renon" de rubans plissés.
Jadis fabriqués par des sabotiers locaux, les sabots actuels sont fabriqués dans les Ardennes de façon principalement automatique. En effet, c'est une machine qui donne au sabot son aspect extérieur à partir d'un modèle prédéfini. Une seconde machine va creuser sommairement l'intérieur du sabot et déterminer l'emplacement du pied. Mais c'est le "creuseur" qui termine cette tâche minutieuse. La fabrication du sabot terminée. Il reste à lui donner sa couleur et son odeur caractéristique. Pour ce faire, il séjournera dans un fumoir pendant 7 à 8 heures.
Ce sabot n'est pas tout à fait terminé. En effet, il faut encore lui ajouter des accessoires en cuir qui permettront de le maintenir: une talonnette en forme de demi-cercle et la bride, simple lanière glissée dans un morceau de cuir rectangulaire et dentelé.
Le chapeau
La plume - d'une hauteur totale de 1m50 - est constituée avec 3 plumes d'autruche de 50 cm. A celle-ci vient s'ajouter une douzaine de petites plumes qui étofferont tout l'ensemble.
Le chapeau se constitue de 8 à 12 grandes plumes réalisées à l'aide de 240 à 290 petites.
Le frisage à la main de chaque grande plume au moyen d'un petit couteau donne le panache et la majesté caractéristiques du chapeau du Gille.
Le poids du chapeau est d'approximativement 3 kg.
Le tout est monté sur l'armature métallique recouverte de biais blanc sortant de la "buse" ou "forme" confectionnée en carton enveloppé de toile collée à la colle forte pour donner la rigueur nécessaire à ce support. Autrefois, cette forme était fabriquée à partir d'un simple chapeau "buse" d'où son nom.
Le chapeau est maintenu par une jugulaire en cuir blanc et posé sur la barrette, elle-même serrée par un mouchoir de cou passant sous le menton.
Il est bon de faire remarquer que le chapeau a également subit de nombreux changements depuis l'existence du Carnaval. Ainsi, il a vu sa forme s'arrondir. Plus vertical à ses débuts, le chapeau est devenu progressivement arrondis, voire carré chez certains louageurs. De plus, sa taille a également évolué. D'une hauteur approximative de 50 cm vers 1830, il est passé actuellement à environ 90 cm. Enfin, il est à signaler qu'il ne fut pas toujours réalisé en plumes d'autruche. En effet, au début, le chapeau était fait de plumes de coq et même de marabout. Les plumes d'autruche constituent un des apports au costume par les bourgeois du 19è siècle qui, en pleine prospérité, voulaient remplacer certains éléments anciens par des parties plus romantiques.
Le masque
De toile recouverte de cire, aux lunettes vertes et aux moustaches ainsi qu'une mouche à la Napoléon III.
Jusqu'au début du XXème siècle, le Gille restait masqué pendant la plus grande partie de la journée. De nos jours, le masque est porté durant la matinée jusqu'à la réception à l'Hôtel de Ville.
Le Gille est un grand prêtre qui célèbre le renouveau du printemps; il accomplit un rite mais n'agit pas en son nom personnel. Il convient donc qu'il ne soit pas reconnu.
Binche a toujours eu le monopole d'utilisation de ce type de masque. En son temps, Charles Deliège, Bourgmestre de la Ville, passa une convention entre la firme César de Saumur et la Ville. Mais cette firme passa à la fabrication en série, avec des matières de base peu conformes à l'usage, comme le plastique. Il n'était plus possible de lui confier la fabrication de nos masques - seule, la cire est autorisée - alors que d'autre part, la réserve de la ville s'épuisait.
Monsieur Jean-Luc Pourbaix, artisan binchois, se préoccupa du problème. Après bien des années de recherches, il trouva la solution.
L'administration communale de Binche en a déposé le modèle, au mois d'octobre 1985, auprès du Bureau Bénélux des Marques à la Haye et en a l'exclusivité. Le modèle est maintenant protégé: il ne peut être copié, commercialisé et porté ailleurs qu'à Binche. Ce dépôt de marque est renouvelable tous les dix ans et indéfiniment.
Le masque de Gille ne peut être vendu qu'aux Gilles de Binche qui le portent le Mardi-Gras matin.
Le ramon
Jadis véritable balai de rue, il était lancé à la tête de quiconque se rendait au Carnaval sans faux-nez ou sans masque. Le domestique du Gille allait le récupérer en faisant une pirouette au nez de la victime.
Au fil des temps, la tête de balai s'est réduite en un ramon constitué de brindilles de saule soigneusement assemblées par trois ligaments de rotin.
De nos jours, le Gille lance son ramon au passant qu'il désire saluer: il le récupère lui-même et embrasse la connaissance qui l'attend, le ramon en main.
Le Gille est "armé" de son ramon uniquement le mardi gras au matin car l'après-midi, il porte le panier d'osier rempli d'oranges sanguines.
Le panier
Le panier qui contient les oranges est en osier tressé. Sa forme très particulière a remplacé vers 1880 le vieux panier à salade en fil métallique que le gille garnissait des produits de son jardin.
Merci à Adélaïde Kinet pour ses descriptions